Si les Français ont perdu la plupart des grandes batailles de la Guerre de Cent Ans, ce n’est pas seulement à cause de leur impatience à donner « de beaux coups d’épée », au détriment de leur efficacité militaire, mais aussi – voire surtout – en raison de la terrible efficacité des archers anglais. Ceux-ci parvenaient à tirer plus de dix flèches à la minute, avec des arcs de 80 à 180 livres de pression ( !) pour une portée de 200 à 300 m.
Les seigneurs anglais encourageaient leurs sujets à apprendre le maniement de cette arme en exonérant les volontaires de taxes. Une tradition s’est ainsi installée, et son efficacité s’est révélée bien utile. La France reprendra ce système au milieu du XVe siècle ; c’est de là que provient l’expression de « franc-archer », « franc » signifiant ici « exempté de taxes ».
Pendant nos animations de camp, nous pouvons organiser une séance d’initiation au tir à l’arc pour enfants et adultes, sous la surveillance d’archers expérimentés. Ceux-ci, en plus d’assurer la sécurité des participants, peuvent offrir une démonstration de la rapidité de tir que les fameux archers anglais pouvaient atteindre pendant la Guerre de Cent ans…
Il est difficile de dater l’apparition de l’arc, car le bois se décompose assez vite. La plus ancienne flèche trouvée date de -10 800 (Stellmoor, Allemagne du Nord). Néanmoins, la petite taille de certaines pointes découvertes à Gravette, fait penser que l’arc existe depuis au moins 20 000 ans.
De nombreux types d’arcs ont été employés, tant pour la guerre, que pour la chasse, les arcs les plus courts étant plus particulièrement destinés aux archers à cheval.
Quelques arcs historiques : type asiatiques (arcs mongols, tibétains, etc.), arcs traditionnels de chasse ou de guerre, reconnaissables à la forte courbure des branches, et leur petite taille ; type amérindien (chasse et guerre) reconnaissables à leur forme de type « longbow » ; type africain.
Actuellement, les arcs les plus courants sont le longbow ou le flatbow (dans la reconstitution médiévale); l’arc classique ou recurve (type retenu pour les jeux olympiques) et l’arc à poulies ou arc compound, l’avantage de ce dernier étant de réduire l’effort de maintien de l’arc bandé, sans pour autant diminuer la puissance de l’arme.
Types d’arc
La puissance d’un arc est indiquée sur la branche du bas en livres. Il s’agit d’une puissance nominale, qui correspond à la puissance réelle pour un archer avec une allonge de 28 pouces (71.12 cm). Si l’allonge est plus petite la puissance diminue. Par exemple, un arc de 35 livres n’aura qu’une puissance réelle de 24 livres si l’archer a une allonge de 22 pouces.
On peut différencier les arcs d’après leurs formes, mais aussi d’après leur apparition historique ou géographique. On les tire en droitier ou en gaucher, c’est-à-dire en tenant l’arc de la main gauche ou droite, dépendant de l’œil directeur (càd si c’est celui de droite ou de gauche).
Types d’arcs
– a : Egyptien ancien
– b : Assyrien
– c : Grecque ancien
– d : Français XVs.
– e : Amazonien
– f : Anglais XVs.
– g : Chinois
Longbow
Le longbow (anglais : arc long) est un arc droit avec une seule courbure, qui peut posséder une fenêtre de tir et un plancher de flèche. Traditionnellement les meilleurs « arc de guerre » anglais et gallois étaient fabriqués avec de l’if italien.
Le longbow était aussi grand que son archer ou yeomen. On tirait alors des flèches en bois et on n’utilisait aucune aide à la visée. Il s’est rendu célèbre pour l’avantage qu’il a pu donner aux troupes anglaises de la Guerre de Cent Ans. À bout portant, cet arc était capable de percer les meilleures armures de l’époque. On raconte que le yeomen pouvait tirer trois flèches avant que la première n’atteigne sa cible, aussi en créant un nuage de flèches, les Anglais cherchaient à créer la panique. Il a été utilisé jusqu’à la Première révolution anglaise puis remplacé par les mousquets à platine à mèche.
Flatbow
Un flatbow (anglais : arc plat) sera un arc plus plat que le longbow, et de section carrée. Aussi, le longbow est droit au niveau des poupées, c’est à dire qu’il ne touche pas le long de la branche de l’arc, alors que le flatbow si.
Le flatbow peut être fabriqué comme le longbow : soit dans un seul bois ou bien en lamellé-collé, ce qui est plus courant en archerie contemporaine.
Arc classique ou recurve (à double courbure)
L’arc à double courbure, parfois appelé « recurve » du mot anglais signifiant recourbé. En français, on l’appelle aussi arc classique, probablement parce que c’est le modèle le plus utilisé actuellement, bien qu’il n’existe que depuis les années 50 dans sa forme actuelle. Il existe des modèles non-démontables (monobloc), et des modèles démontables pour la chasse avec plancher de tir ou repose-flèche, qu’on peut tirer avec ou sans viseur.
Le modèle le plus courant est celui utilisé aux jeux olympiques, qui comporte des éléments améliorant la stabilité et la précision du tir.
Compound ou arc à poulies
Le compound a été développé aux États-Unis pour la chasse au gros gibier. Le premier brevet fut déposé en 1969 par Holless Wilbur Allen. Les compounds sont en aluminium ou en matériaux composites. Au bout de chaque branche se trouve une poulie où passent des câbles. L’avantage consiste dans le fait que, environ à la moitié de l’armement, la force nécessaire diminue en 40% à 60% voire plus, ce qui permet à l’archer de tenir longtemps à plein armement sans fatigue, tandis qu’un arc traditionnel, une fois bandé, doit être lâché rapidement, sinon le bras de l’archer fatigue, tremble et la précision du tir diminue. La corde accélère la flèche après le lâcher ce qui lui donne plus de force. La vitesse au lâcher peut atteindre 90m/s. Le vol a très peu de parabole, ce qui accroît la précision du tir.
Lexique
Allonge (draw length) :
L’allonge représente, lorsque l’arc est en tension, la distance entre le fond de l’encoche de la flèche et l’emplacement de répose-flèche. Il se mesure en cm ou en pouces. L’allonge est directement liée à la morphologie de l’archer. Elle détermine la hauteur de son arc.
On dit que l’archer est en sous-allonge quand il ne développe pas son allonge normalement : parce qu’il ne va pas jusqu’à ses repères du visage, parce qu’il penche la tête vers l’avant (voir posture), parce qu’il plie son bras d’arc. On dit qu’il est en surallonge quand il développe son allonge au-delà de ce qu’elle devrait être : parce qu’il rejette la tête vers l’arrière, parce qu’il va au-delà de ses repères de visage.
Arc (bow) :
Arme constituée d’une pièce longue et mince en matière élastique, recourbée par une corde assujettie à ses deux extrémités et servant à propulser des flèches.
Terme utilisé pour désigner des objets ayant la forme de cette arme.
Armer (draw) :
Action consistant à mettre l’arc sous tension avant de décocher une flèche.
Bander (draw) :
Action correspondant au montage de la corde sur l’arc et généralement à la mise sous tension de l’arc.
Base de sustentation (stance) :
Une bonne position des pieds sur le sol sera une garantie de stabilité pour l’archer.
Les bases considérées les meilleures sont : les positions ouvertes et les pieds un peu plus écartés que la largeur du bassin.
Bras d’arc (bow arm) :
Bras tenant l’arc.
Ci-contre la figure A montre une position correcte du bras d’arc. Il n’y a pas de torsion de l’avant-bras ou du poignet et l’axe de l’arc se positionne naturellement en dehors du bras.
La figure B montre une position incorrecte le bras rentrant, l’axe de l’arc se prolongeant dans le bras. Cette position du bras favorise les meurtrissures au bras lorsque la corde est libérée. Il faut donc contrer les rotations des os de l’avant-bras et de l’humérus en les réalignant comme sur la figure A.
Bras de corde (drawing arm) :
Bras tirant sur la corde.
Après l’armement, la position du bras par rapport aux épaules et au bras d’arc est primordiale.
Le coude du bras de corde ne doit ni être trop haut (alignement médiocre avec la flèche), ni être trop bas (alignement incorrect, les épaules sont peu sollicitées). La traction doit se faire par le dos et peut se visualiser par un rapprochement des omoplates. Les muscles du dos sont plus puissants et endurants que les muscles des bras ; ce sont donc eux qu’il faut veiller à faire le plus travailler.
Brin (strand) :
Ensemble de fibres formant les fils qui composent la corde.
Carquois (quiver) :
Accessoire servant à transporter ses flèches.
Cible (target) :
Visuel que l’archer vise.
Corde (string) :
La corde relie les deux extrémités de chaque branche de l’arc. De nos jours, la corde est constituée de fibres synthétiques qui sont :
– polyester sous la dénomination de Dacron, une fibre qui a tendance à s’allonger
– polyamide plus connu sous le nom de Kevlar, une fibre ne s’allongeant presque pas mais très sensible à l’usure
– polyéthylène haute performance connu sous le nom de Fast-Flight, une fibre quasiment inusable et très rapide
La corde est toujours recouverte d’une protection de cire contre l’usure et pour augmenter sa vitesse dans l’air.
Décoche (loose / release) :
Phase du tir pendant laquelle la corde est libérée et la flèche est tirée. La décoche doit être considérée comme un relâchement des doigts.
Si les doigts sont ouverts en un geste délibéré (faisant intervenir les muscles extenseurs, antagonistes aux muscles fléchisseurs), ils ne s’ouvrent jamais assez rapidement, car la vitesse de réaction de l’archer est bien inférieure au départ de la corde. Donc les doigts vont gêner le passage de la corde et amplifier le paradoxe de l’archer.
Par contre, en ralâchant les muscles des doigts, la corde part en dégageant les doigts de son chemin sans que ceux-ci ne perturbent outre mesure la course de la corde.
Doigts (fingers) :
Les doigts ne sont jamais positionnés au hasard.
Ceux de la main d’arc doivent être le plus relâchés possibles. Il ne doivent pas agripper la poignée sous peine de provoquer des mouvements involontaires sur l’arc lors de la décoche. S’ils n’aggrippent pas la poignée mais sont tout de même crispés, cela signifie que toute la main est crispée. Il peut en résulter les mêmes inconvenients que si la poignée est aggrippée.
Il y a un autre avantage, souvent non soupçonné, à relâcher ses doigts de la main d’arc : par symétrie, le corps tendra à appliquer la même décontraction sur les doigts de la main de corde ; il sera donc d’autant plus aisé de relâcher les doigts de la main de corde lors de la décoche de la flèche.
La position des doigts sur la corde peut varier d’un individu à l’autre. Dans tous les cas, il est fortement souhaitable que la corde soit bien calée dans le creux formé par la première phalange.
Empennage (fletching) :
Ensemble des plumes de la flèche.
Encoche (nock) :
Accessoire, en plastique sur les flèches modernes, mis à l’extrémité de la flèche et qui reçoit la corde. Une fine entaille dans l’extremité du fût sur les flèches de reconstitution historique.
Facteur d’arc (bowyer) :
Artisan fabricant des arcs.
Fausse corde (stringer) :
Accessoire servant à bander l’arc pour monter la corde.
Flèche (arrow) :
Projectile composé d’un fût, portant une pointe, une encoche et des plumes.
Fût (shaft) :
Tube ou baguette de bois formant le corps de la flèche.
Matériaux utilisés le plus frequemment :
– fibre de verre
– bois
– aluminium
– carbone
– carbone/aluminium
Grain :
Unité de masse valant : 0,0648g.
Cette unité est utilisée pour indiquer le poids des pointes de flèches.
Grip :
Il s’agit de la partie de la poignée sur laquelle la main prend appui.
Hauteur d’arc (bow height) :
Distance, en pouces, d’une poupée à l’autre de l’arc.
Les hauteurs habituelles sont : 70 pouces, 68 pouces, 66 pouces, 64 pouces. Cette valeur, correspondante à une poignée de hauteur standard, est inscrite sur la branche du bas de l’arc.
Livre (pound) :
Unité anglaise utilisée pour mesurer la puissance d’un arc.
Une livre correspond à 454 g. Les abréviations courantes pour désigner cette unité sont : lbs et #.
Main d’arc (bow hand) :
La main d’arc s’appuie sur la poignée de l’arc au niveau du grip.
L’appui dans le grip le plus souvent adopté, et certainement le meilleur, se fait sur la ligne passant par le Y entre pouce et index, formé au creux de la paume.
La pression de l’arc s’exerce à la base du muscle du pouce et en ligne directe avec le poignet. Les doigts doivent rester parfaitement relâchés.
Main de corde (drawing hand) :
La main de corde tient par l’index, le majeur et l’annulaire la corde au niveau du creux de la dernière phalange.
Pour le tir avec viseur la position des doigts est la suivante :
l’index se place au-dessus de l’encoche de la flèche, le majeur de place en-dessous de l’encoche, et l’annulaire vient se placer sous le majeur. L’index et le majeur ne doivent pas appuyer sur l’encoche, sous peine de géner le départ de la flèche et de lui imprimer un mouvement d’oscillation non souhaitable ; seul un contact léger de l’index sur l’encoche peut être admis.
Oeil directeur :
L’oeil qui gouverne la vision.
Généralement l’oeil directeur correspond à la main la plus habile.
Palette (tab) :
Accessoire de cuir servant à protéger les doigts de l’archer du frottement de la corde. La palette fournit également une zone de contact plus large.
Paradoxe de l’archer :
Réaction de la flèche lorsqu’elle est propulsée par la corde. On parle de « paradoxe de l’archer », car malgré les oscillations de la flèche, elle atteint son but.
Ces oscillations sont dues au fait que la corde est déviée par les doigts lors du relâchement de ces derniers pour permettre le départ de la flèche.
Peson (bow-scale) :
Appareil qui permet de mesurer la puissance d’un arc.
Plume (vane / fletching) :
Les plumes servent à stabiliser le vol des flèches.
Elle peuvent être naturelles ou synthétiques (plastique, millar), plate ou formant une incurvation.
Plume coq (cock/index feather/vane) :
Les plumes ne sont pas disposées au hasard sur le fût de la flèche.
Une des plumes, parfois d’une couleur différente des autres, est placée perpendiculairement à l’axe de l’encoche. Elle est appelée « plume coq ». Deux autres plumes, appelées « plumes poules », sont disposées à 120 ° par rapport à la plume coq.
Cette disposition permet de ne pas gêner le passage de la flèche lorsqu’elle sort de la fenêtre de l’arc.
Poignée (riser / handle) :
Partie de l’arc portant les branches et tenue par la main d’arc.
Pointe (point / nib / pile) :
Extrémité de la flèche pointue ou en forme d’ogive pour le tir sur cible.
Sa masse se mesure en grain. Aussi appelée enferron.
Les différentes formes de pointe :
– le boujon : fer est de section triangulaire ou carrée.
– les passadoux : fer de flèche plat et triangulaire.
– les dardes : fer lourd
– les barbillons : fer est barbelé.
Posture (posture) :
La posture de l’archer est un élément important dans sa progression.
Au plus tôt il acquiet une bonne posture, au mieux il progressera en tir à l’arc.
Un des risques majeurs de dérive de la posture est son effondrement. Déséquilibré par le poids de l’arc et concentrant son effort vers l’arrière parce qu’il est difficile de bien baisser son épaule avec un arc puissant, l’archer s’effondre vers l’arrière. Le haut du corps bascule donc vers l’arrière et l’archer doit compenser en ramenant la tête vers l’avant.
De ceci il résulte une perte d’efficacité (réduction de la distance oeil/doigts de corde) et une sous-allonge de l’archer.
Pouce (inch) :
Unité de longueur anglaise fréquemment utilisée en archerie.
1 pouce mesure 2,54 mm.
Poupée (bow tip / loop (for the string)) :
Bout arrondi de chaque branche de l’arc avec une forme en creux adaptée au passage de la corde et appelée gorge.
Terme également utilisé pour désigner les boucles aux extrémités de la corde.
Puissance de l’arc (draw-weight) :
C’est la force développée par l’arc en unité de poids, la livre anglaise.
La puissance marquée est écrite sur la branche du bas de l’arc et correspond à ou aux allonges écrites correspondantes. La puissance réelle correspond à la pesée de l’arc à l’allonge du tireur. Cette pesée est réalisée à l’aide d’un peson.
Repères au visage (anchor point) :
Lorsque l’archer a fini la traction de la corde, il prend des repères tactiles sur le visage en utilisant les contacts de la corde et de la palette.
Ceci se traduit par un « ancrage » de la position de la main de corde.
Généralement les repères adoptés sont la corde en contact léger sur le nez et en contact ave le menton. La palette est en contact avec le maxillaire.
Repères d’encoche (nock set) :
Accessoires le plus souvent métalliques qui, par deux, sont fixés sur la corde pour délimiter l’emplacement où l’encoche (nock) de la flèche se positionnera.
Certains archers n’utilisent qu’un seul repère d’encoche. Certains emploient du fil noué sur le tranche-fil de la corde ou un kit en plastique se fixant directement sur la corde.
Repose-flèche (arrow rest) :
Accessoire servant à supporter la flèche lorsqu’elle est encochée sur la corde.
Tranche-fil (serving) :
Fil entourant les brins de la corde et qui protège cette dernière à l’endroit où les doigts et la flèche se placent.
Visée (aiming) :
Phase du tir pendant laquelle l’archer prend un repère visuel pour atteindre la cible.
Volée (end) :
Ensemble de flèches tirées sur une même cible.
Technique de tir
Je veux apprendre à tirer à l’arc à flèches !
Premièrement – on ne dit pas « l’arc à flèches »… Un arc est à flèches par défaut, c’est donc un arc, point. Croyez-moi, vous ne risquez pas de le confondre avec les autres arcs – arc-en-ciel ou arc-boutant… 🙂
Nos archers sont en mesure de vous apprendre la technique du tir en espace d’un quart d’heure. Vous allez tirer des flèches à pointe en acier vers une cible de paille. Vous allez peut-être même faire la mouche… qui sait ?
Mais pour être un « vrai » archer, il vous faudra encore des heures d’entrainement, une bonne dose de patience, quelques cloches sur les doigts et une connaissance minimale de la physique appliquée…
Les flèches…
L’anatomie.
– la pointe
– le fut
– l’empennage
– l’encoche
…à pointe en acier ?
En effet, il existe plusieurs styles de pointes, idéalement en acier trempé.
1. Pointe dite « Feuille de Laurier », très répandue sur une grande partie du MA (haut MA principalement)
2. Poinçon classique à quatre pans, qui nécessitait un faible temps de fabrication. De toute manière à l’époque la flèche de guerre était un consommable à usage quasi-unique.
3. Perce-Maille. Quatre pans, très effilée. Elle était suffisante pour s’insérer entre les mailles, les faire éclater avec la force d’impact, et traverser le gambison qui était en dessous. On l’appelle aussi « Passadoux » ou « Passe-doux », tout simplement car celui qui la recevait la sentait à peine. En général, c’est après que ça se gâtait !
4. Pointe barbelée torsadée. La pointe qui tue 3 fois… Quand on la recevait, quand on essayait de l’enlever (imaginez les lacérations internes que devaient provoquer les contorsions de la victime), et quand on la sortait enfin de la plaie. Avec son profil de harpon, impossible de la retirer de manière classique : l’une des solutions était d’introduire dans la plaie un fût comportant un petit piston que l’on actionnait pour pousser la pointe… de l’autre côté…
5. Pointe dite en « Queue de Pie ». Idem que la précédente, mais ses bords longs et arrondis créaient de grosses hémorragies.
6. « Coupe-Jarret ». On l’utilisait sur les champs de bataille pour tirer dans les jambes des chevaux.
7. « Coupe amarre ». C’est du moins son nom, mais dans la réalité, on imagine assez mal comment une flèche, même lancée par un arc très puissant, pouvait couper un cordage en chanvre tressé de 7 ou 8cm de diamètre. En réalité, celle-ci aurait plutôt servi à déchirer les voiles des bateaux. Bon, on se doute bien que lancée sur un homme ou un animal, elle ne devait pas faire de bien non plus.
8. Flèche incendiaire. On bourrait la cage à feu d’étoupe, et hop !
Le fut.
En bois exclusivement, d’une longueur de +/- 75cm. Au Moyen Age les flèches atteignaient les 100cm de longueur, ceci pour permettre aux arcs de type longbow de tirer avec maximum de leur puissance. En effet, on peut tirer avec un arc d’une puissance de 50 livres, en utilisant les flèches plus courtes et atteindre une puissance de seulement 30 livres – tout simplement parce que la flèche est trop courte pour permettre une ouverture plus importante… Il existe bien sur des futs en alliage léger ou fibre de carbone, mais pas pour les fins de reconstitution médiévale ! Nous utilisons les futs en cedre, pour leur légèreté et absence d’échardes.
L’empennage.
Autrement dit – les plumes. Le vrai empennage, le meilleur et le plus historique sera fait en plumes d’oie, attachées au fut avec une fine cordelette. L’empennage parfait est fait légèrement en vrille, ce qui permet à la flèche de tourner autour de son centre pour davantage de stabilité. C’est aussi pour cette raison que les tirs vers une cible éloignée de seulement trois-quatre mètres ne sont pas (ne peuvent pas être !) précis. Vérifiez par vous-même : les flèches plantées dans la cible le sont sous toutes les angles possibles et imaginables. S’il y’en a une qui est plantée à l’angle de 90° – c’est par chance ou alors l’arc utilisé avait plus de 50 livres et était employé à sa pleine puissance… (bonne chance à tous ceux qui veulent enlever la flèche sans laisser la pointe dans la cible !)
Il faut donc se placer plus loin et donner à la flèche la possibilité de se stabiliser en cours de son vol.
Revenons aux empennages. Certaines de nos flèches sont équipées d’empennage plastique, donnant toutefois l’impression d’être des vraies plumes. Nous avons choisi cette option pour le cout et la facilité de fabrication – nous fabriquons nos flèches nous-mêmes.
L’encoche.
déalement taillé dans le fut même, une fine entaille de trois millimètres de profondeur environ. L’encoche sert à… encocher la flèche sur la corde ! Très bien !
Ici aussi, nous avons choisie une solution de facilité – nous achetons nos encoches toutes faites, en plastique, à coller directement sur le fut. Ceci pour les flèches destinées au public – malheureusement on en perd beaucoup au cours de ces séances d’apprentissage. Nos flèches personnelles ont un empennage et encoche tout à fait corrects, question historicité.
L’empennage et l’encoche doivent être en quelque sorte synchronisés – la flèche avec l’empennage, trois plumes placées de manière « une vers le haut, deux vers le bas » – l’entaille de l’encoche doit être parfaitement à l’horizontale. Pour encocher une flèche, il suffit de repérer la plume « du haut » (appelée la plume coq), qui est très souvent d’une couleur différente par rapport aux deux autres plumes (appelées les plumes poules), poser la flèche sur l’arc sur ses deux plumes poules vers le bas et encocher. Ceci permet à la flèche de partir « à plat », sans heurter l’arc au passage et donc assurer la trajectoire parfaitement droite.
A droite : exemples d’encoches « piégées » – ne permettant pas à l’ennemi de renvoyer la flèche ou infligeant carrément des dommages à son arc (sa corde).
A – Julbah permettant de tirer une flèche sans encoche
B – Talon de flèche maintenu sur la corde par une boucle de cordelette
C – Encoche à lame coupante
D – Flèche à encoche coupante, lancée au moyen d’un julbah
L’arc.
Nous possédons plusieurs arc flatbow (droitiers et gauchers), d’une puissance allant de 30 à 55 livres de pression. Pour les enfants, nous pouvons proposer les arcs de 18 et 20 livres. Sachant qu’une livre équivaut à 0,45kg, nos arcs pour adultes ont donc une puissance de 13kg jusqu’à 25kg.
Ce qui veut dire ? Bien, imaginez vous de tirer avec seulement deux ou trois doigts, sur une corde tendue au bout de laquelle est suspendu un poids de, par exemple, 13 kg.
C’est plus facile que ça en a l’air, avec une bonne technique (que nos archers seront ravis de vous apprendre !), vous seriez capable d’armer un arc, même beaucoup plus puissant, sans effort.
La position.
De profil à la cible, les jambes légèrement écartées. La main gauche tenant l’arc (si vous êtes droitier), les deux ou trois doigts de la main droite sur la corde, autour de la flèche encochée (si trois – deux plus bas que la flèche). Vous pouvez essayer de tenir la corde carrément sous la flèche, mais cette technique étant plutôt moderne, je la déconseille.
Par contre, ne tenez pas la flèche elle-même, cela finit par la décrocher de l’arc, en d’autres mots – elle va tomber.
Pour encocher, posez l’arc à plat (à l’horizontale), le dos de la main vers le haut, ensuite posez la flèche sur l’arc, en respectant l’empennage (la plume coq vers le haut) et encochez.
La technique du tir.
La position de profil à la cible va vous permettre d’utiliser toute la puissance de l’arc. La raison est simple – si vous vous positionnez de face à la cible, la distance d’un bras (+/- 60cm, à partir du poignet jusqu’à la poitrine) ne sera pas suffisante pour ouvrir l’arc et envoyer une flèche avec une vitesse correcte pour atteindre la cible. Le profil vous offre beaucoup plus de possibilités – vos deux bras pouvant s’écarter jusqu’à la distance de votre taille.
Certaines personnes n’arrivent pas à comprendre comment on peut viser quelque chose qui se trouve de coté par rapport à eux…. Rien de plus facile !
Si vous arrivez à toucher un objet ou le mur qui se trouve à votre gauche sans pour cela faire face à cette direction, vous arriverez bien de tendre votre bras avec l’arc vers la gauche, sans bouger le corps entier, n’est-ce pas ?
Vous êtes donc bien de profil, les jambes légèrement écartées, la flèche est encochée et vos doigts bien positionnés sur la corde.
Levez l’arc en l’ouvrant, les deux bras écartant l’arc entier, en visant la cible qui se trouve à votre gauche (pour les droitiers).
Donc, proprement dit – on ne tire pas seulement sur la corde, on tire ET on pousse sur l’arc en même temps. Cette technique va vous permettre d’avoir plus de puissance et soulager les muscles du bras droit qui tire sur la corde. En effet, vos deux bras travaillant ensemble, il n’est plus question de « soulever 25kg avec deux doigts » !
La position prise peut se traduire par « rapprochement des omoplates » – autrement dit – ouverture de la cage thoracique en inspirant (bloquez la respiration pour un court instant au moment du tir).
Levez le coude !
Non, non, pas pour vider un verre de bière… Pas cette fois. 🙂 En armant l’arc, levez le coude du bras qui tire sur la corde, le plus à l’horizontale possible (c’est facile !). Ceci vous permettra d’avoir plus de force, même s’il n’en faut pas beaucoup, vos muscles vous remercieront et vous éviterez les tremblements très désagréables et plutôt dérangeants.
Il existe des arcs avec un repose-flèche intégré dans le bois de l’arc (pour certains flatbows de reconstitution historique) ou détachables (arcs modernes, de compétition). Les longbows et nos flatbows ne le possèdent pas, il faut donc y remédier pour maintenir la flèche dans sa position de départ, autrement dit – la soutenir sur l’arc. Pour ce faire, il suffit de plier l’index pour créer un petit « V » – le doigt avec le bois de l’arc – et constituer ainsi une sorte de repose-flèche.
N’essayez surtout pas de tenir la flèche sur l’arc ! Ou alors seulement si vous tenez à effrayer vos copains par l’absence d’un de vos yeux… 🙂 Quand la corde est lachée, la flèche doit partir, ceci sans aucun obstacle sur sa route. Si vous crispez vos doigts sur la flèche, la corde va partir, très souvent à coté de la flèche, vos bras, jusqu’alors tendus, vont se détendre, l’arc va revenir vers vous, toujours avec la flèche dessus, vous risquez alors de voir l’empennage de votre flèche de près. Très près même…
Comment éviter les bleus sur l’avant bras tenant l’arc…
De préférence en essayant de ne pas le mettre sur la trajectoire de la corde. C’est faisable, vraiment. Il suffit de tourner un peu le poignet vers l’extérieur et relâcher le coude – en d’autres mots – positionner l’os du coude vers l’extérieur et non pas vers le bas.
– A – correct, la corde passe à coté de bras
– B – pas correct, la corde heurte le bras
Vous voilà prêts à décocher (tirer).
Très souvent les premières tentatives finissent par un échec, c’est vrai… La flèche tombée à vos pieds, ou coincée sur la corde par vos doigts, ou encore bien déviant de sa trajectoire pour aller se planter dans le sol à 10 mètres à droite/gauche de la cible… Ne vous découragez pas, réessayez.
Après quelque temps vous allez remarquer que la trajectoire dépend aussi des conditions atmosphériques, vent, température, l’état de la corde, de l’arc et des flèches etc…
Ceci n’est plus de l’ordre de la technique de tir, c’est de l’entrainement et la pratique.